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Louvre

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Le Réveil de Napoléon

Exécuté par le sculpteur François Rude, ce modèle en plâtre d'une oeuvre en bronze, elle a été commandée au début des années 1840 par Claude Noisot, ancien grenadier-à-pied puis capitaine de la Vieille Garde. Le militaire était un fervent fidèle de l’Empereur, et avait participé aux campagnes d’Allemagne et d’Espagne en 1809, de Russie en 1812, d’Allemagne en 1813 et de France en 1814. Il avait tenu à accompagner Napoléon Ier en exil à Elbe puis, tout naturellement, avait soutenu son retour lors des Cent-Jours. Sa carrière militaire prit fin avec la défaite de Waterloo mais sa dévotion pour le souverain déchu ne s’arrêta pas pour autant.

Loin des œuvres présentant l’Empereur malade et tourmenté par l’ennui de la réclusion, la statue de Rude va à contre-courant de l’imagerie habituelle liée à Sainte-Hélène. Napoléon n’y est pas mourant mais mort – victorieux sur la mort qui plus est – puisqu’en voie de résurrection. Cette résonance avec la résurrection de Lazare dans le Nouveau Testament et avec le Jugement dernier s’exprime cependant en l’absence de toute symbolique chrétienne, avec pour seul cadre un concept abstrait non figuré de l’immortalité : Napoléon, les yeux encore clos par le sommeil censé être éternel, est ici le seul magicien thaumaturge de son retour à la vie.

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Tips

"Le Louvre ne sera jamais une habitation commode. Je le regarde comme un palais de parade dans lequel il faut réunir tout ce que l'on a de richesses en objets d'art et de sciences, comme statues, bronzes, tableaux, bibliothèques, archives, médailles"… Napoléon Ier.

Mis un temps à l’écart sous la Restauration, Claude Noisot prit sa retraite en 1835 et se consacra à l’oeuvre de sa vie : la création d’un musée et d’un parc dédiés à Napoléon Ier, avec archives et reliques du Premier Empire. Il installa ce domaine en Côte-d’Or, dans la commune de Fixin, et fit bâtir un édifice pour abriter le musée, véritable réplique du palais d’I Mulini, à Elbe. Noisot fit également tailler un escalier de cent marches sur son terrain pour rappeler l’épopée des Cent-Jours. Le retour des Cendres en 1840 inspira sans doute l’idée à Noisot de créer une statue de bronze à l’effigie de l’Empereur pour prolonger la symbolique de son sanctuaire napoléonien en Bourgogne.

Cette sculpture fait également référence à l’Antiquité : la position semi-couchée de Napoléon n’est pas sans rappeler les sarcophages funéraires étrusques. L’aigle, symbole impérial ici terrassé et à demi-couvert par le linceul que Napoléon retire, allié à la présence d’une chaîne qui semble brisée pour permettre à l’Empereur de se redresser, font écho au mythe de Prométhée. Le titan avait été puni par Zeus pour avoir donné le feu sacré de l’Olympe aux hommes et condamné à être enchaîné au Caucase pour se faire dévorer le foie éternellement par un aigle. Napoléon est ici un anti-Prométhée qui se libère. Aucun dieu, aucune prison ne peut arrêter sa légende immortelle : l’aigle, prisonnier de Sainte-Hélène (publicité de 1901), peut désormais renaître comme le phoenix.