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Orsay

Ne ratez rien

Le lit

Henri de Toulouse-Lautrec.

"C’est supérieur à tout. Rien ne peut rivaliser avec quelque chose d’aussi simple. Y’a pas mieux, ça c’est du désir", Toulouse-Lautrec porte un regard plein d’élégance sur ces amours qui ne sont pas les siennes.

Les voilà dans de beaux draps. Sous une blancheur orangée, elles se regardent tendrement. Décalées vers la droite, elles se replient intimement. Espace resserré, chaleur partagée, perspective condamnée, point de vue trop rapproché, voire indiscret d’un familier. Par quels procédés la composition nous introduit-elle les yeux ouverts dans cette maison close ?

Une part importante de la provocation chez Toulouse Lautrec vient des sujets traités ; on sait qu’il passait beaucoup de temps à dessiner et peindre dans les maisons closes dont il aimait la dépravation haute en couleur, fertile en événements tragico-burlesques et en vérité humaine. Cette vérité il allait la chercher où elle se trouvait, dans le lit des autres s’il le fallait, comme c’est ici le cas où il peint deux lesbiennes quasiment endormies. Mais Lautrec savait se faire accepter par peinture interposée, par l’ intelligence et l’éducation qu’il avait reçu dans son milieu familial. Son sens de l’amitié, et son humanité l’ont certainement protégé de maints avatars. Montrer un couple homosexuel dans un lit était à l’époque une chose extravagante dans la mesure on cette scène ne peut être vue que dans une situation de voyeurisme accidentelle où volontaire

Donc perverse. Il s’agit d’emblée d’une scène scabreuse, pourtant Lautrec en fait une chanson d’amour, à la gloire du plaisir sensuel, de la jeunesse et de la vie qu’on disait à l’époque "de bohème".

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